Filature mortelle : Québec ordonne une enquête indépendante

Agence Qmi
2014-11-25 09:06:00

La ministre a mentionné qu’elle avait suggéré au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de confier l’évaluation du dossier à un tiers afin de préserver « la crédibilité et l’indépendance de l’institution ».
Le comité indépendant sera notamment composé d’un juge à la retraite. Par souci de transparence, ses recommandations seront rendues publiques, a précisé Stéphanie Vallée.
La décision du DPCP de ne pas porter d’accusations contre le policier de la Sûreté du Québec (SQ) impliqué dans l’accident a suscité de nombreuses critiques la semaine dernière, puisque celui-ci circulait à 122 km/h dans une zone de 50 km/h au moment de la collision.
Dans un geste exceptionnel, le DPCP est intervenu publiquement, vendredi, pour justifier sa décision, à la demande de la ministre. Le porte-parole de l’institution, René Verret, a expliqué que le père de la jeune victime avait fait preuve de témérité en effectuant un virage à gauche sans attendre le feu prioritaire, alors que le véhicule banalisé conduit par le policer s’amenait à grande vitesse en sens inverse.
« Cet homme-là, et je le dis avec tout le respect, a tenté de traverser malgré qu’il savait qu’il avait un feu prioritaire, a indiqué M. Verret. Au moment où le père a traversé, où il s’est engagé, le véhicule du policier était à 34 mètres de là. Ce qui est bien peu.»
Le témoignage de Madeleine Noiseux, une femme ayant été témoin de l’accident, a toutefois amené le DPCP à demander un « complément d’enquête », lundi. Le témoin a soutenu que l’accident n’avait pas été provoqué par la manœuvre du père, mais par la vitesse élevée à laquelle circulait le policier.
« Si la voiture avait été à une vitesse normale, elle n’aurait pas frappé aussi violemment la voiture du père. Le père aurait pu l’éviter », a-t-elle affirmé sur les ondes de LCN, lundi matin.
« Dans ma tête à moi, je n’avais pas évalué la vitesse, je n’ai pas réalisé qu’il allait aussi rapidement, a ajouté la dame. Si ça avait été une ambulance, une voiture de police, les gens font attention, ils savent qu’ils vont aller très vite. Une voiture noire, le matin, personne ne pense que ça va aller aussi vite.»
Le PQ satisfait
Le Parti québécois (PQ), qui réclamait une vérification externe du dossier, a salué la décision de confier l’enquête à des procureurs indépendants.
« C’est une bonne décision qui, espère-t-on, contribuera à préserver la confiance de la population envers notre système de justice, a mentionné le porte-parole du PQ en matière de justice, Alexandre Cloutier. Il était essentiel qu’un œil externe se penche sur le dossier, notamment en raison des nombreux cafouillages qui l’ont caractérisé.»
Ayant constaté que l’intervention du Procureur général était souvent réclamée dans les dossiers relevant du DPCP, Stéphanie Vallée a par ailleurs indiqué qu’elle avait demandé à son ministère de suggérer des modifications législatives « afin de préciser dans quelles circonstances le Procureur doit intervenir ».