La bonne prise de LKD
Agnès Rossignol
2014-07-08 15:00:00
Membre du Barreau du Québec depuis 1998 et diplômé de l’Université d’Ottawa, il est reconnu pour son expertise en droit municipal et plus spécifiquement en droit de l’approvisionnement public, pratique qu'il a développé au sein du cabinet.
Ce visionnaire et formateur aguerri a répondu aux questions de Droit-inc.
Droit-inc: Quelle est votre pratique ?
Me Sébastien Laprise: J'accompagne des entreprises privées, particuliers, fournisseurs, municipalités et autres organismes publics et parapublics, sur toutes les sphères d’intervention municipale, et en particulier dans les secteurs scolaire, de la santé et des services sociaux. J'interviens dans le processus d’appel d’offres, sur la conformité des soumissions, l’élaboration et l’application des politiques de gestion contractuelle, sur les problèmes survenus en matière d'exécution de contrats publics.
Comment êtes-vous venu au droit municipal et de l'approvisionnement public ?
Mon père ayant été maire d'une municipalité au Lac Saint-Jean, j'ai développé un intérêt pour la politique. Pendant mes études, le professeur de droit municipal Yvon Duplessis m'a donné le goût de la matière. J'ai débuté ma pratique exclusivement en droit municipal en développant un intérêt pour les règles d'attribution des contrats publics, pratique peu développée lorsque j'ai rejoint LKD en 2006.
En 2008, avec l'entrée en vigueur de la Loi sur les contrats des organismes publics, j'ai pris un virage en faisant le pari de m'orienter en droit des contrats publics et de l'approvisionnement public, une pratique spécialisée mais où il y a beaucoup de marchés potentiels. Et le pari est gagné ! Me Jean-Benoît Pouliot|http://www.lkd.ca/equipe/pouliot-jean-benoit/ travaille avec moi depuis janvier. Je suis fier d’avoir ciblé un marché porteur au sein du cabinet dont j'ai pu compter sur le soutien. Seul, je n’aurai pas été en mesure d’accomplir tout cela.
Depuis les scandales de corruption, quels changements avez-vous constaté ?
La manière de faire les affaires au Québec est différente aujourd’hui. La conformité juridique des soumissions est une question de gestion des risques pour les organisations publiques qui doivent s’assurer que les fournisseurs respectent strictement les règles du jeu, sinon c’est le recours judiciaire.
Le contexte actuel fait en sorte que les municipalités et autres organismes publics assujettis à un cadre rigide de règles, sont de plus en plus prudentes dans l'élaboration des appels d'offres, les processus d'attribution et la gestion des contrats publics et des coûts.
Depuis 2009-2010, il y a un véritable besoin juridique en matière d'approvisionnement public aussi bien en conseil stratégique, en amont du processus décisionnel, que juridique et en litige. Les organisations publiques ont une expertise en interne plus accrue qu'auparavant grâce à du personnel de plus en plus formé. Elles font donc appel aux avocats à l'externe uniquement sur des questions complexes, pour un besoin précis. La pratique du droit municipal est devenue super spécialisée.
Il me tarde de voir les conclusions de la Commission Charbonneau. Son défi est l’innovation en matière de processus d'attribution des marchés pour que les décideurs respectent les règles d’attribution et que les fournisseurs aient les mêmes chances d’obtenir le contrat public.
Quels sont vos défis?
Maintenir l’expertise et la réactivité est une œuvre de tous les jours. Les clients sont exigeants, ils ne cherchent plus l’avocat généraliste mais un spécialiste, donc il faut être à jour de ses connaissances.
Il est aussi important d'être sensible au coût car le budget du client est limité, sans perdre de vue la rigueur. Enfin, rester visible et assurer une présence sur le marché. Pour moi, la meilleure façon, c’est en donnant des formations, ce qui a été souvent au détriment de ma pratique professionnelle.
Comment avez-vous réussi à développer votre pratique ?
Je suis fier d’avoir développé ma pratique avec une nouvelle façon de faire et de vendre des services juridiques grâce à la compétence d’abord et non aux relations personnelles. J'agis à titre de conférencier auprès d’organismes de formation des professionnels de l’approvisionnement public (acheteurs public ou organisations publiques).
LinkedIn est aussi un moyen de se rendre visible et ainsi de développer les affaires. En novembre 2011, j’ai créé un groupe sur LinkedIn en matière d’approvisionnement public avec 750 visites par jour. C'est une façon d’atteindre le client : 10% de mon chiffre d’affaires est réalisé grâce à cette activité qui demande une démarche rigoureuse et du temps. J'aurais pu travailler pour le gouvernement, mais j’ai fait le choix de la pratique privée car le développement de la clientèle correspond à ma personnalité.
Quels sont vos projets?
Au quotidien, mon projet est de développer des parts de marché en me distinguant de la concurrence. Je veux devenir le meilleur avocat en pratique privée en contrats publics. Je suis déjà reconnu et je veux être la référence dans ce domaine.
Par ailleurs, je collabore avec un éditeur sur un logiciel proposant un modèle d’appel d’offre, simple et rigoureux, dédié au monde municipal. Le but est d’assurer une sécurité juridique dans les contrats tout en faisant en sorte que le fournisseur soit intéressé aux appels d’offre.
Quel avenir pour les avocats dans les grands bureaux ?
Il n'y a pas de mauvais cabinet, il y a seulement de mauvais positionnement. Il faut savoir se positionner et développer une pratique de niche porteuse que personne ne fait. Il est essentiel que les bureaux aient une gestion rigoureuse qui assurera leur pérennité ainsi qu’une meilleure gestion des coûts pour les clients. Il faut savoir anticiper et s'adjoindre les services des avocats qui vont développer des pratiques structurantes et offrir un service spécialisé le meilleur qui soit.