Inapproprié mais légal d’allaiter une adolescente

Agence Qmi
2014-12-15 13:00:00

Selon la décision, les gestes reprochés se sont déroulés alors que l’accusée hébergeait chez elle une parente éloignée, à la suite d’un séjour en centre jeunesse. La jeune, « délaissée et maltraitée par ses parents », était à 26 jours de sa majorité au moment de son arrivée, en janvier 2003. À sa majorité, elle pourrait quitter le centre d’accueil.
L’accusée, qui travaille comme secrétaire, traversait alors une période de désorganisation personnelle, qui la poussait parfois à franchir certaines limites au niveau de la sexualité. Elle naviguait alors sur des sites érotiques et utilisait sa caméra web pour diverses expériences.
Elle aurait d’ailleurs exposé sa nouvelle protégée aux sites pour adultes avertis, qui savait que sa parente se masturbait devant l’ordinateur.
De son côté, l’adolescente était une «jeune anxieuse, angoissée, anorexique et suicidaire qui, de son propre aveu, a appris à mentir, simuler, manipuler pour s’en sortir». Elle était dans un «état lamentable» à son arrivée.
Promiscuité
Par manque d’espace dans l’appartement, les deux femmes ont partagé le même lit. Aux alentours de la date anniversaire de l’adolescente, la femme, qui a des montées de lait puisqu’elle a accouché récemment, a eu le « réflexe » d’offrir de lui donner le sein.
Pour elle, il s’agissait là d’un « symbole » qui représentait du « réconfort et la nouvelle vie qu’elle voulait offrir à sa jeune protégée ». Sa pensée est ésotérique, elle croit lui offrir « de l’amour inconditionnel ».
Les deux femmes se prêtent au jeu. Les séances d’allaitement débutent, à raison de trois fois par semaine, pour un total d’une dizaine de reprises. À chaque fois, l’accusée s’installe sur le divan ou le lit, se dénude le haut du corps et offre le sein à l’adolescente, qui « le prend et le tète comme le ferait un bébé ».
Les gestes ne sont pas forcés, durent une dizaine de minutes, sans autre contact. Ils prennent fin lorsque l’accusée lui aurait « possiblement » touché un sein, lors de la dernière séance d’allaitement.
Plainte
Ce n’est que des années plus tard que la plaignante, aujourd’hui « troublée » d’avoir pris part à cette « activité étrange », porte plainte. Elle concède toutefois qu’à l’époque, elle croyait que cette forme de thérapie lui redonnerait « sérénité et apaisement ».
L’accusée qualifie elle-même ses gestes de « pervers », « malsains », « vilains » et « épouvantables ». Elle en éprouve de la honte, ne se déresponsabilise pas, reconnaît ses fautes, mais invoque que son comportement n’était pas de nature criminelle puisqu’elle n’avait « aucune intention criminelle ni gratification sexuelle ».
« Le tribunal convient que ces gestes sont tout à fait inappropriés surtout qu’ils sont posés dans un contexte de vulnérabilité où la plaignante, déjà fragile et instable, trouve refuge chez cette parente éloignée. Mais après analyse de toutes les circonstances, le tribunal ne peut conclure que ce geste d’allaitement constitue un touche de nature sexuelle », conclut la juge Desgens.
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