Le projet de loi renforçant les pouvoirs du SCRS ne règle pas tout

La Presse Canadienne
2014-12-17 07:00:00

Le gouvernement exhorte la Cour suprême d'entendre la cause, affirmant que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ne sait toujours pas quand il doit obtenir la permission d'un juge pour surveiller des citoyens canadiens installés à l'étranger.
Il a même tracé un parallèle avec l'affaire Airbus, un scandale remontant aux années 1990, pour demander une plus grande précision juridique. La Cour suprême avait alors indiqué que les autorités canadiennes n'avaient pas besoin d'un mandat pour demander à la Suisse de leur remettre des relevés bancaires dans le cadre d'une enquête criminelle sur la remise de pots-de-vin lors de l'achat d'avions Airbus.
En 2013, le juge Richard Mosley, de la Cour fédérale, avait critiqué le SCRS lorsque l'agence avait demandé des mandats pour retrouver deux Canadiens avec l'aide technique du Centre de la sécurité des télécommunications (CST). Il avait alors déclaré que le SCRS avait manqué à ses devoirs en omettant de dire que le CST avait demandé de l'aide à des alliés du renseignement étranger _ les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande _ pour intercepter les communications de citoyens canadiens.
La Cour d'appel fédérale a maintenu le jugement de Richard Mosley.
Selon les avocats fédéraux, les tribunaux inférieurs ont commis "des erreurs significatives" en traitant de cette cause délicate.
Gordon Cameron, un avocat d'Ottawa qui a étudié les arguments du gouvernement, estime que la Cour suprême ne devrait même pas entendre la cause. Selon lui, le nouveau projet de loi rend cette question inutile.
Ce projet de loi accordera explicitement au SCRS le droit de demander des mandats pour enquêter sur toute menace contre la sûreté nationale, même au-delà des frontières canadiennes. Me Cameron recommande que si la Cour suprême décidait d'entendre la cause, elle devrait attendre un "délai raisonnable" avant de se prononcer pour mieux juger des effets du projet de loi, si celui-ci est adopté.