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L’implication politique : arme de séduction ou de répulsion?

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Daphnée Hacker-B.

2015-03-10 15:00:00

Plongés dans la course aux stages, les étudiants activement impliqués au sein de partis politiques devraient-ils craindre d’être jugés par les recruteurs ? Droit-inc a mené l’enquête...
Me Rachel Bendayan a œuvré dans les coulisses du Parti libéral du Canada (PLC) durant plus de douze ans.
Me Rachel Bendayan a œuvré dans les coulisses du Parti libéral du Canada (PLC) durant plus de douze ans.
Me Rachel Bendayan a œuvré dans les coulisses du Parti libéral du Canada (PLC) durant plus de douze ans. « Je n’ai jamais caché mon engagement politique, et je n’ai jamais senti que j’étais la cible de préjugés », témoigne l’associée du cabinet Norton Rose Fulbright. Dans la foulée des élections fédérales qui auront lieu cet automne, l’avocate trentenaire, dont la pratique se concentre en litige et arbitrage, se présentera pour le PLC dans le comté d’Outremont. Elle affrontera nul autre que Thomas Mulcair, le chef du Nouveau parti démocratique.

Un conseil aux candidats de la course aux stages impliqués dans un parti politique ? « N’ayez pas peur de mentionner votre implication en entrevue, c’est une très belle preuve d’engagement envers la communauté. De plus, c’est un outil incontournable pour développer un réseau d’affaires », affirme-t-elle, précisant qu’elle ne parle qu’à son nom, et non en celui de Norton Rose Fulbright . Selon Me Bendayan, les recruteurs ne jugeront pas négativement un candidat, « peu importe sa couleur politique ».

Des candidats mitigés

L'étudiant François-Alexandre Guay étudiant en droit à l’Université de Montréal
L'étudiant François-Alexandre Guay étudiant en droit à l’Université de Montréal
« Personne ne va l’avouer haut et fort, mais les jeunes impliqués au sein du PLC ou du PLQ risquent moins de subir de préjugés que ceux impliqués dans des partis plus à gauche », affirme François-Alexandre Guay, étudiant en droit à l’Université de Montréal, impliqué jusqu’à récemment dans le Parti québécois (PQ). Celui qui a été recruté par PDF Avocats précise qu’il ne faut pas mettre « tous les cabinet dans le même panier », et que plusieurs ne jugeront pas les candidats sur cette base. Toutefois, il estime qu’une majorité de firmes adhèrent à l’idéologie libérale.

Se remémorant la course aux stages, M. Guay explique ne pas s’être senti à l’aise de mentionner son implication au sein du PQ lors d’entrevues. « J’avais écrit sur mon curriculum vitae que j’étais actif dans l’aile jeunesse d’un parti, sans spécifier lequel », dit-il. Questionné par des recruteurs désireux de savoir de quel parti il était question, il a volontairement évité de répondre. « À mes yeux, c’est tout de même bien de mentionner notre engagement citoyen, mais si on sent que ça peut nous nuire, on a le droit de garder ça pour nous. »

La jeune avocate Me Madwa-Nika Cadet suggère de ne pas cacher son implication politique.
La jeune avocate Me Madwa-Nika Cadet suggère de ne pas cacher son implication politique.
La jeune avocate Me Madwa-Nika Cadet suggère aussi de ne pas cacher son implication politique. Celle qui a récemment complété son barreau après avoir effectué un stage à la firme Lapointe Rosenstein a toujours été transparente sur son engagement au sein du Parti libéral du Québec. « Je n’avais pas spécifié le nom du parti politique sur mon cv, mais lors de mes entrevues pendant la course aux stages, j’en faisais part aux recruteurs », souligne-t-elle. La jeune femme s’est d’ailleurs présentée en 2012 comme candidate aux élections provinciales contre le péquiste Jean-François Lisée, dans la circonscription de Rosemont.

Me Cadet avance que les étudiants en droit sont nombreux dans les ailes jeunesses des partis politiques. C’est à son avis une implication parmi d’autres, qui ne devrait en rien influencer le processus de recrutement. « J’estime que les recruteurs devraient comprendre, de facto, qu’un avocat établira toujours une ligne claire entre son travail au cabinet et son engagement extérieur pour une cause politique », soutient-elle.

L’avis des recruteurs

« Nous ne jugerons jamais un candidat à cause de la couleur du parti », tranche Me François Dandonneau, responsable du comité de recrutement au bureau de Montréal de Gowlings. Il affirme que son équipe apprécie de voir les étudiants impliqués dans un organisme, « peu importe la nature de l’organisme ».

Il n’y a aucune raison de se cacher, renchérit Me Dandonneau. « L’implication politique n’est pas limitée aux étudiants en droit, il y a de nombreux avocats qui sont eux aussi actifs politiquement. Tant que ça se fait en dehors du bureau, nous sommes très à l’aise avec cela. »

 Me Catherine Bleau, affirme pour sa part que le plus important pour un candidat en entrevue est d’être « lui-même ».
Me Catherine Bleau, affirme pour sa part que le plus important pour un candidat en entrevue est d’être « lui-même ».
Après des années et des années à recruter les avocats du cabinet Osler, Me Catherine Bleau, affirme pour sa part que le plus important pour un candidat en entrevue est d’être « lui-même ». « Nous ne posons pas de question sur les allégeances politiques, par respect pour la vie privée, mais il nous fait plaisir d’en discuter si l’étudiant amène le sujet », dit la directrice senior aux programmes étudiants et sociétaires.

Elle conseille aux candidats d’inscrire leur engagement politique dans le cv seulement, et si seulement, ils considèrent que cet aspect pourra mettre en valeur leurs aptitudes. « Cela peut être utile dans la démonstration d’habiletés de gestion, de coordination ou de rédaction, par exemple », énumère-t-elle.

En étudiant le profil d’un candidat engagé, les recruteurs craignent-ils de le voir un jour quitter le cabinet pour se consacrer à la politique ? « Espérons que leur cheminement au cabinet leur plaise… et si le temps les mène à un poste de premier ministre, nous serons les premiers à en être fiers ! » s’exclame avec une pointe d’humour Me Bleau.


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8 commentaires
  1. Me Stéphane Lacoste
    Me Stéphane Lacoste
    il y a 10 ans
    Quand même choquant
    Je suis convaincu que plusieurs bureaux d'avocats vont éviter d'embaucher des gens d'une certaine couleur politique ou simplement impliqué en politique. Il est quand même choquant qu'en 2015 les bureaux d'avocats agissent ainsi. La Charte québécoise interdit pourtant la discrimination sur la base de la conviction politique.

  2. -
    -
    Si j'étais militante pour le Parti libéral, je ne cacherais pas mon «engagement». Le problème se trouve plutôt dans le mépris de la cause souverainiste de la part des grands cabinets.

  3. Isabelle
    Isabelle
    il y a 10 ans
    Développer les affaires grâce aux Libéraux
    «De plus, c’est un outil incontournable pour développer un réseau d’affaires », affirme-t-elle,»

    J'aurais honte de dire (et surtout, de penser!) une chose pareille.

    Qu'un réseau se développe de manière incidente, c'est bien naturel. Mais que l'implication auprès d'un parti politique soit vu comme un outil de développement d'affaires ?

    Le manque d'intégrité et de décence est tel au Québec que non seulement les gens ne s'en cachent plus, mais il s'en vantent ! Elle est fière de ça, Me Bendaya !

    Consternant.

    • Isabelle
      Isabelle
      il y a 10 ans
      Oups
      Oups- Mal lu. Il s'agit du PLC.

  4. DSG
    Nous ne jugerons jamais un candidat à cause de la couleur du parti
    That's true. I've even worked with staunch separatists and never had a problem. I respect people's political beliefs and convictions. But what does reflect badly on a candidate is someone who doesn't yet realize that Trudeau is a complete unqualified imbecile. To be perfectly honest (and I'm not being my usual jerk) if someone tells me that they spent any amount of time working for Trudeau, it puts into question that person's intelligence and leads me to believe that the person is shallow and has little or no substance in their lives.

  5. QC
    La véritable réponse concernant les allégeances politiques
    Disons les choses comme elles sont.

    Pour une immense majorité de firmes et de recruteurs, seuls sont acceptables les engagements politiques suivants:

    ===Au fédéral===
    - Parti Libéral
    - Parti Conservateur
    - Nouveau Parti Démocratique*

    *Seulement dans les questions relevant du social/familial ou du droit de l'environnement - mais en droit des affaires, c'est proscrit.

    ===Au provincial===
    - Parti Libéral

    (C'est tout).


    * * *

    Bien sûr, il y a des exceptions - mais elles sont plutôt rares; même dans des firmes où des associés sont de d'autres allégeances politiques.

    Pourquoi ?

    Dans bien des cas, les firmes et les associés eux-même se fichent éperdument des opinions politiques de leurs employés - et il n'y a à toutes fins pratique aucune partisanerie directe dans le choix des candidats.

    Mais...

    Mais, il y a l'éternelle crainte "d'offenser des clients". Et c'est là où l'implication politique prend toute sa coloration. Peut-être votre directeur n'en a rien à faire personnellement, que vous ayez milité pour le Parti Québécois - mais s'il a des clients musulmans, il pourra craindre que ceux-cis ne quittent le cabinet en apprenant qu'un de ses avocats ait pu endosser la Charte des valeurs québécoises, par exemple -- ou, alternativement, des clients ontariens qui verraient d'un mauvais oeil de confier leurs dossiers à un "séparatiste qui veut briser le Canada".

    Les clients. Tout est là.

    Un associé ne veut pas avoir à vivre dans l'inquiétude constante qu'un de ses avocats fasse une sortie médiatique et dise/écrive quelque chose (ou soit associé à une telle chose) qui serait désapprouvée par ses clients, qu'il risquerait alors de perdre.

    C'est par ailleurs pour cette raison que des cabinets oeuvrant dans des affaires sociales et familiales n'auront généralement pas de réticence à embaucher des militants de Québec Solidaire, du Parti Vert ou du NPD - mais que ceux-cis se verrons refuser l'entrée à des cabinets spécialisés dans le droit des affaires.

    En résumer, les seuls partis politiques qui prônent des programmes "qui ne dérangent pas" sont acceptables - plus spécifiquement les idéologies néolibérales qui préconisent la liberté individuelle et l'apologie du vivre-ensemble.

    * * *

    Pour plus de précisions, voici les bruits de couloirs qu'on entend au sujet des candidats militants aux principaux partis politiques

    ===- Libéral (PLC/PLQ):=== Motivé, ambitieux, ne choque pas le consensus social, fait plaisir aux clients d'affaires, réseau potentiel.
    ===- Conservateur:=== (Idem)
    ===- NPD:=== Écologiste socialiste un peu idéaliste (peut être positif dans les affaires sociales ou familales, mais non dans le reste)
    ===- Bloc Québécois/ Parti Québécois:=== Séparatiste, potentiellement dangereux pour les clients; certains font une association de racisme/xénophobie et/ou anglophobie. Certains autres y voient un danger pour les affaires (i.e.: "il veulent bannir l'anglais et l'économie va s'effondrer)
    ===- Québec Solidaire:=== Idéaliste socialiste et féministe; déconnecté de la réalité (comme pour le NPD, peut être positif dans les affaires sociales ou familales, mais non dans le reste)
    ===- CAQ:=== Ambition mal placée, propension à adhérer aux raisonnements de surface sans réfléchir au fond, risque d'orgueil démesuré et de "M./Mme J'ai raison parce que j'ai raison".

    Il s'agit, à mon humble avis, de pures inanités qui sont complètement déconnectées de la réalité; mais bien souvent, telles sont les perceptions politiques des clients.

    Et s'il y a un argument qui fait tourner le monde dans les grands cabinets, c'est bien celui de la clientèle.

  6. Me
    Triste mais souverainistes s'abstenir
    Dire que vous êtes souverainiste dans un grand bureau est carrément nuisible. Je vous invite fortement à éviter la question si vous êtes un(e) jeune avocat(e). Certes il y a certains associés qui peuvent le dire haut et fort et d'autres à qui on prête certaines allégeances, mais le faire au moment même où vous devez faire vos preuves et que vous êtes jugé au moindre détail peut s'avérer très dommageable. Si vous êtes carriériste, évitez tout simplement le sujet ou prenez votre carte du PLQ. Si vos convictions sont trop fortes, travaillez à faire bouger les choses, mais soyez avertis que ce sera ardu.

  7. Notarius
    Notarius
    il y a 10 ans
    Vous voulez vraiment y travailler?
    Si des associés refusent de vous embaucher pour la raison que vous êtes souverainiste, poser vous la question de savoir si vous voulez vraiment travailler pour eux ...

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