Heenan, il y a un an déjà…

Emeline Magnier
2015-02-27 15:00:00

De nombreux associés ont quitté le bureau quelques jours avant l’annonce de la dissolution. Me Robert Bonhomme, associé directeur du cabinet, a démissionné le 13 janvier 2014 emmenant avec lui une équipe d’une douzaine d’avocats en droit du travail au bureau montréalais de BLG, dont l’associé Danny J. Kaufer. Juste avant d'officialiser son départ, le même jour, il aurait fait circuler une note interne proposant la dissolution du cabinet.
On se souvient aussi du départ du groupe de droit immobilier de Montréal avec les associés Chantal Sylvestre et Michel Poirier qui se sont alors joints à Dentons, et du démantèlement du secteur droit du travail avec le départ de Mes Rhéaume Perreault et Stéphane Fillion qui ont intégré Fasken Martineau.
Les annonces se sont ensuite succédé pendant plusieurs semaines. Me Marcel Aubut, associé au bureau de Québec de Heenan Blaikie a joint BCF emmenant avec lui la majeure partie de son équipe. Miller Thomson a accueilli nouveaux membres dont Me Phillipp Park, Andrew M. Cohen, Dean Chenoy et Stephan H. Trihey.

Plusieurs scénarios ont été avancés pour tenter d'expliquer la fermeture soudaine du cabinet, sans qu'on puisse avancer avec certitude la raison précise qui a conduit à sa dissolution.
Roy Heenan, l'un des fondateurs du cabinet, a indiqué qu’elle résultait de rivalités et de conflits inter-bureaux et groupes de pratique, tandis que les finances du cabinet, selon lui, se portaient bien.
Pourtant, plusieurs sources ont révélé que depuis un an, le cabinet canadien retenait les versements de dividendes des associés, dont les revenus auraient alors baissé de 10 à 15%, occasionnant le départ de bon nombre d'entre eux.
Des procédures judiciaires

Le 17 juin dernier, une procédure a été déposée à la Cour supérieure de Montréal par l'entrepreneur général en construction P&R Desjardins, représenté par Savonitto et associés, pour obtenir le paiement des travaux de rénovation entrepris dans les locaux de Heenan Blaikie ainsi que des dommages et intérêts pour un montant total de 2,1 millions de dollars.
Le contrat avait été conclu avec Gestion H.B, mais l’entrepreneur entend obtenir le soulèvement du voile corporatif et la condamnation solidaire de Heenan Blaikie Sencrl srl - le cabinet d’avocats - à titre d'associé unique et d'alter ego de la société de gestion ainsi que de l’administrateur de la société de gestion, Me Kip Daechsel.
LCM Avocats avait comparu pour tous les défendeurs mais s'est finalement retiré du dossier à la suite du dépôt d'une requête en inhabilité déposée par les avocats du demandeur. Le cabinet Borden Ladner Gervais devait alors prendre la suite, mais c'est finalement le cabinet Lavery qui a comparu.
Victime de cybersquattage

Cette « récupération » serait, selon le professeur Vincent Gautrais, l'œuvre de cybersquatteurs qui espèrent faire pression sur les anciens propriétaires du nom de domaine pour qu'ils le leur rachètent à un prix bien plus élevé que celui qu'ils ont payé à l'origine . Toutefois le stratagème n'inquiète pas les anciens associés du cabinet d'avocats.
Interviewé par Droit-inc en novembre dernier, Me David Joanisse, membre du comité de transition de Heenan Blaikie, avait indiqué qu'il n'y accordait aucune importance.
Le cybersquatteur ne semble toutefois pas se décourager : le dernier article a été posté le 16 janvier dernier et est intitulé : « What is a true alpha Male ? »