La Cour suprême dit oui à l'aide médicale à mourir

Agence Qmi
2015-02-06 13:45:00

Les magistrats ont toutefois établi les paramètres selon lesquels certaines personnes pourront avoir accès à l’aide médicale à mourir. Ce sont des adultes capables, qui consentent clairement à mettre fin à leur vie et qui ont des problèmes de santé graves et irrémédiables. Leurs souffrances physiques ou psychologiques doivent être persistantes et doivent leur être intolérables.
Il s’agit d’un jugement unanime des neuf magistrats du plus haut tribunal du pays, et exceptionnellement signé par la cour elle-même afin de donner un poids institutionnel à sa décision.
La Cour suprême annule ainsi, pour ces cas précis, l’article 241 du Code criminel selon lequel une personne peut être condamnée à 14 ans de prison si elle aide ou incite une personne à mettre fin à ses jours. Le tribunal est d’avis que cette décision contrevient à l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés sur le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.
Le tribunal a aussi déterminé que la question de l’aide médicale à mourir peut être légiférée par le fédéral et les provinces selon les critères établis, rejetant ainsi les arguments du Québec sur la compétence exclusive des provinces.
«Le dossier qui nous a été soumis ne nous convainc pas que la compétence provinciale en matière de santé exclut la compétence du Parlement fédéral de légiférer sur l’aide médicale à mourir. Il s’ensuit que la prétention fondée sur l’exclusivité des compétences ne peut être retenue», écrivent les juges.
La cause devant les tribunaux porte sur deux femmes de la Colombie-Britannique aujourd’hui décédées qui souffraient de maladies intraitables et progressives. Leurs descendants ont depuis continué de porter l’affaire jusqu’en Cour suprême contre le procureur général du Canada.
Kay Carter, 89 ans, était atteinte de sténose spinale, et s’est rendue en Suisse en 2010, où des médecins l’ont aidée à mourir, alors que Gloria Taylor, 64 ans, était atteinte de la sclérose latérale amyotrophique et est décédée à la suite d’une infection.
Les deux femmes avaient à l’époque lancé cette contestation judiciaire, estimant que les gens devraient avoir le droit de décider de la fin de leur vie.
Elles faisaient valoir que puisque l’aide au suicide constitue un crime passible de 14 ans d’emprisonnement selon l’article 241 du Code criminel, les personnes «gravement et irrémédiablement malades» ne peuvent demander l’aide d’un médecin pour mourir. Elles sont donc condamnées à une vie de souffrance aiguë et intolérable.
Deux solutions s’offrent donc à elles : mettre fin prématurément à leur vie, c’est-à-dire s’enlever la vie avant que l’état de leur maladie ne les en empêche, ou encore souffrir jusqu’à ce qu’elles meurent de cause naturelle.
La Cour suprême a donc déterminé que cette interdiction criminelle violait leurs droits garantis dans la Charte, par l’article 7 sur le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.
Les deux femmes avaient d’abord obtenu gain de cause en première instance, mais le fédéral avait porté la cause en appel et gagné dans un jugement divisé.
Ce n’est pas la première fois que la Cour suprême se penche sur la question du suicide assisté. En 1993, le tribunal avait refusé dans un jugement divisé à 5 contre 4 le droit au suicide assisté à Sue Rodriguez. L’actuelle juge en chef Beverley McLachlin estimait que son droit à la sécurité était violé. Il s’agit donc d’une volte-face de la Cour suprême.
Pour lire le jugement complet, cliquez ici.
-une personne adulte capable qui :
1)consent clairement à mettre fin à sa vie et qui
2)est affectée de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap)
3)lui consant des souffrances persistantes qui lui sont intolérables au regard de sa condition
Alain Rioux
il y a 10 ansComprenons que la même Charte, celle de 1982, qui permet "soi-disant" de faire mourir (2015), ne permet pas de faire vivre (Gosselin c. Québec, 2002)!
Louise
il y a 10 ansil était temps, pourquoi infligé inutilement des souffrances aux gens. S'il le désirent et qu'ils sont de toute façon condamné, il faut d'arrêter de tout faire pour les maintenir en vie, dans la souffrance.
Rose Deschamps
il y a 10 ansIci au Québec, faut pas se réjouir trop vite de ce qui se passe au niveau fédéral concernant l'aide à mourir. Ici, on est pognés avec la loi 52 qui est bien moins généreuse que la loi au fédéral. La loi 52 est discriminatoire envers plusieurs souffrants. Les personnes atteintes d'handicapes graves, et les personnes qui souffrent beaucoup depuis longtemps, mais ne sont pas "en fin de vie", n'auront droit à aucune aide à mourir. La loi dans la "belle province" obligent une personne paralisée du cou en descendant ou aveugle à continuer à vivre même si elle trouve sa condition intolérable. De plus, avant d'accorder de l'aide à mourir à un souffrant qui en fait la demande, un médecin doit le considérer "apte à prendre une décicion éclairée". Quand on souffre beaucoup depuis
longtemps, c'est normal d'être dépressif. Est-ce que les médecins vont déclarer un patient "inapte" en raison de son état dépressif ?
Si la loi 52 québécoise n'est pas améliorée, c'est ici au Québec que les gens vont souffrir le plus, et on ne pourra pas mettre ca sur le dos du fédéral.
Si c'est Harper qui a le dernier mot, les pro-souffrance vont pouvoir continuer à imposer leur facon de mourir à tous ceux qui ne pensent pas comme eux, comme dans une dictature ecclésiastique.